L'Astronome Eclipse

CROAs

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L'Astronome Eclipse vous souhaite une agréable lecture!

  • Transcendance astronomique

    Un long voyage, une lente ascension. Un beau chemin, une belle histoire... 

    Que vais-je trouver à l'arrivée ? Qui sait ce qui m'attend au sommet de la montagne ? Le hasard et le destin se seraient-ils mis d'accord pour me réserver quelques surprises ? Il est trop tôt pour le dire... avançons. 

    Aujourd'hui, un Mercredi qui aurait pu être un jour parmi d'autres. 
    12h50, la voiture démarre. J'ai déjà la tête ailleurs. Il est vrai qu'elles sont plus nombreuses dans le ciel d'hiver. Le ciel reste en partie couvert de nuages, le thermomètre affiche à peine 15 degrés mais qu'importe, il faut bien y aller... le rendez-vous est fixé à 13h30 et il serait dommage de ne pas se présenter à l'heure. Ou alors, autant faire demi-tour tout de suite ! Mais quand-même, les plus beaux joyaux du ciel hivernal méritent le déplacement ! Frein dé-serré, vitesse enclenchée, me voilà parti. La route ne sera pas longue... 

    Avenue après avenue, maison après maison, même les champs de vigne se succèdent aux frontières de la ville. En cette saison, la société prend des allures parfois surprenantes. La route, elle, est dégagée, bien plus qu'en été. Tant mieux, j'arriverai un peu plus tôt... Espérons que tout se passe bien et que les étoiles soient au rendez-vous. Ce rendez-vous, ce moment tant attendu, ce moment tellement désiré, tellement redouté aussi... et si notre rencontre ne se passait pas comme prévu ? Écartons ces pensées, elles me brouillent l'esprit. Tout ira bien ! Uranie ne m'a jamais fait défaut. 

    Au dessus du bitume, le moteur gronde. Les chevaux lancés à pleine allure donnent toute leur puissance, comme s'il fallait faire résonner le bruit d'un bolide qui se précipite à toute allure vers la ligne d'arrivée. Mais ici, la prudence est de mise. La mécanique rugit, elle se fait entendre mais ne faillit pas, et ma vigilance non-plus. La belle Nébuleuse se mérite, certes au prix d'une patience mais certainement pas au prix d'une vie. Quoique, je lui offrirai ma vie entière si elle le veut. 

    Cette fois, pas de télescope pour observer. Cela ferait à coup sûr plaisir au Petit Prince : si l'essentiel ne se voit bien qu'avec le cœur, dit-on, je pense effectivement que pour cette fois je n'aurai pas besoin d'instrument. Il y a des phénomènes célestes qui ne peuvent être admirés qu'à travers une perception purement sentimentale, presque psychique, sans que l'on puisse en donner la moindre explication. Suis-je passionné par la beauté de l'astronomie ? Assurément ! Tout porte à croire qu'Uranie m'a envoûté en usant de l'un de ses stratagèmes... 

    Ah, si Camille était là ! Lui me comprendrait ! Car à l'image de ce cher monsieur Flammarion, certains d'entre nous s'avèrent particulièrement sensibles au charme de la muse du ciel étoilé... Ô ma chère et tendre, ma douce et belle Uranie, aurais-tu envoyé l'une de tes filles jusqu'à nous, pauvres explorateurs du cosmos, pour nous montrer la voie de l'universelle beauté du monde ? 

    Filé d'étoiles (image IceInSpace)

    Dernier grand carrefour avant d'atteindre ma destination. Il me reste une longue rue à emprunter. Une rue ? Je devrais plutôt parler d'un panorama ; car si je m'apprête bel-et-bien à gravir en voiture la montagne qui surplombe cette immense métropole, la corniche que je longe m'offre soudainement un panorama pour le moins exceptionnel ! Imaginez un étroit passage entre des maisons plus ou moins accrochées à la falaise, parfois étalées sur les rares plateformes naturelles qu'offre le Mont Faron, un long et fin passage où l'on se croise parfois dangereusement, avec en plus la diabolique tentation de vouloir regarder le paysage... d'ailleurs, combien d'automobilistes ont perdu la vie en essayant de concilier une conduite prudente et l'admiration, bien que temporaire, de cette vue plongeante sur la ville de Toulon, alors même que la corniche Escartefigue est justement célèbre pour ses virages parfois serrés et ses dénivelés aussi traîtres les uns que les autres ? Mieux vaut ne pas y penser. A propos, mon point d'arrivée va bientôt apparaître. Je ne suis plus très loin, encore un ou deux kilomètres avant de parvenir au point culminant de mon voyage... 
    Le Mont Faron dites-vous ? C'est un immense rocher qui s'étend de part et d'autre au Nord de Toulon. Rien n'est anodin aujourd'hui, pas même cette montagne, et ce Mercredi ne sera plus jamais banal. 

    Qui aurait pu croire que je croiserais la fille d'Uranie sur les hauteurs de l'arsenal, dans une bâtisse surplombant la plus belle rade d'Europe ! Tiens donc, Serait-ce précisément la belle Europe qui m'attend ? Honnêtement, je n'ai presque aucune idée du nom de la fille d'Uranie. Qui es-tu ? Comment pourrai-je te reconnaître ? Si mon cœur n'a pas de doute et saurait te distinguer entre mille astres divins, l'astronome que je suis n'est en revanche pas aussi sûr de lui quant au premier contact qui va se produire... mais peut-être suis-je trop pessimiste. Entre Orion et Persée, il est des trésors cosmiques que l'on ne peut confondre. Je finirai par te trouver entre toutes ces étoiles, parmi toutes les pierres précieuses de l'Univers, au sein même des bras galactiques et des amas stellaires. Inutile de recourir à une carte du ciel, je me souviens de cette mélodie qui me guide depuis toujours à travers l'espace... Est-il nécessaire de rappeler que les astronomes sont aussi de bons explorateurs ? 

    Nous y sommes. Personne à l'horizon et pourtant, c'est bien là. J'en perds mon assurance : et si le rendez-vous était annulé ? Pire encore, se pourrait-il que je me sois trompé ? Non, j'aperçois des signes incontestables du bon déroulement des choses : à peine engagé dans le chemin sinueux qui mène au parking, je repère plusieurs participants du « colloque ». A moins qu'il s'agisse d'une réunion ou d'une conférence ? Appelez cela comme vous le souhaitez, là n'est pas le plus important. Je suis arrivé, voiture garée, manteau ajusté. Les 15 degrés ne se ressentent que timidement, par la faute du Mistral qui a décidé de s'inviter. 

    L'atmosphère me semble sérieuse et stricte. Chacun sait où se rendre. La procédure semble rodée. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, mes collègues de travail et moi avons pris les bonnes habitudes. La pratique de l'astronomie doit rester rigoureuse, droite et claire. Cela n'empêche pas la légèreté - nous sommes astronomes amateurs pour une fois ! - , et la bonne ambiance est de mise. Mais en réalité, depuis le début mon esprit est ailleurs. Je n'ai pas quitté cette idée de voir cette muse à qui je rêve sans trop savoir pourquoi. Toujours cet appel, cette attirance, cette envie de nouer un lien nouveau dans ma relation avec la voûte céleste. Uranie le sait bien, et c'est pour cette raison que sa progéniture se manifeste en ce jour... Ô déesse de mes nuits, je n'ai rien demandé mais tu me connais trop bien ! Tu as su voir dans mon esprit à quel point je te dédie mes songes ! Le seul fait de parcourir la Voie Lactée en quête de ton passage parmi les Soleils du monde me rend fou de joie... Si je le pouvais, je décrocherais toutes les plus belles planètes pour mieux te chercher ; car lorsque tu te caches, quand tu défies ma patience en te dissimulant dans notre système solaire, chaque fois que ton ombre s'efface et que ta silhouette disparaît derrière un astéroïde ou les anneaux d'une planète, je m'égare alors dans l'obscurité du ciel. Je tombe dans le piège des quasars et des trous noirs, je suis tiraillé par les forces qui régissent l'Univers. Le Grand horloger, d'ordinaire indulgent, n'éprouve aucune compassion et me met à l'épreuve de te retrouver sans aide quelconque. Perdu, que dis-je, délaissé au beau milieu de cet effroyable Univers, il suffit d'un seul de tes rayons pour me redonner l'envie de te rejoindre, la volonté de déplacer la coupole de l'observatoire vers ta direction, orienter à nouveau le télescope pour enfin te revoir. Les autres me comprendront : contempler l'inatteignable, admirer le plus beau mystère qui soit, pouvoir observer avec passion le spectacle le plus exceptionnel de l'Univers, comme si rien ailleurs ne pouvait revêtir d'intérêt à côté de cette merveille à la fois nimbée de Lumière et pleine de mystère ! Quoi, ou qui d'autre, sur Terre comme au delà de l'ultime frontière, est en mesure d'atteindre une telle perfection dans l'art de captiver nos cœurs – mon cœur ! - pour que j'en sois autant... amoureux ? Lorsque derrière mon télescope je me trouve paralysé, figé par tant d'admiration pour ce qui incarne à mes yeux le point absolu de l'intelligence et de la transcendance ! c'est bien toi, et personne d'autre, qui me donne cette énergie, cette force, cette fascination aussi étrange qu'étonnante. Je vis en toi chère Astronomie, et c'est probablement cela qu'a voulu Uranie en mettant devant mes yeux ta forme aussi belle et complexe. 

    Nébuleuse Eta Carinae (image Robert Gendler)

    Bigre, je m'emporte ! Fort heureusement je me ressaisis, il est temps de parler du solstice. Quel agréable sujet pour une conférence ! Au fond, je suis là pour travailler. Travailler, oui, mais travailler quoi ? Uranie me met à l'épreuve, me tiraille, me torture pendant que je tente de me concentrer sur le motif initial de ce bienheureux rendez-vous professionnel. 

    Il n'est que 16h30... J'ai abandonné la dimension du temps depuis longtemps, - une telle chose s'avère inutile aujourd'hui - . Le ciel nocturne ne se montrera pas de sitôt, mais paradoxalement j'aperçois une étoile. Une seule et unique étoile, au centre de mon champ de vision. Elle est là, sur cette bonne vieille Terre, après avoir délaissé ses consoeurs là-haut... Pourquoi ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi elle et pas une autre ? Et surtout, pourquoi m'avoir choisi ? En science, le « pourquoi » laisse habituellement sa place au « comment », mais exceptionnellement je m'interroge... mes repères, entrechoqués, bouleversés, perturbés, disloqués, rendus muets par cette apparition, me font désormais faux bond. Je n'ai pas vécu ce genre de situation depuis longtemps.  Trop longtemps peut-être. Pendant longtemps j'ai joué le rôle d'un astronome cantonné à ses procédures de test optique et d'observation astronomique, le rôle d'un scientifique qui s'obstine à suivre des protocoles imposés par une communauté tantôt intéressante, tantôt intéressée, tantôt hypocrite, tantôt manipulatrice, parfois aussi envahissante, pour le meilleur comme pour le pire, et ceci sans que je m'en rendre vraiment compte. Pendant longtemps, j'ai mis de côté l'humain, le social. J'ai perdu l'étincelle que je voyais à travers cette astronomie intime, chaleureuse, conviviale, comme si je me rejetais moi-même de ce système au profit d'une pratique scientifique qui, finalement, ne me correspond plus. Mais toi, Astronomie fille d'Uranie, toi qui aujourd'hui te présentes devant moi sous une apparence inédite, toi qui te dresses ici comme la fleur la plus jolie et la plus délicate, tu ne me laisses pas indifférent. Après tout ce temps que je ne regrette pas mais auquel je veux désormais imposer une rupture, te voilà sans me prévenir. Tu me frappes dans mon être, tu atteins mon cœur au plus profond, tu balayes la matière noire qui entoure mon étoile pour mieux prendre sa place. J'en demeure stupéfait, c'est tellement inattendu, c'est si bon ! 

    Une chose est sûre : Uranie ne se trompe jamais. Camille si tu m'entends, je crois que tu as toujours eu raison à ce sujet. Comme j'aurais aimé me confier à toi dans les jardins de Juvisy, il y a plus d'un siècle ! Au cours d'une séance de botanique ou de météorologie, nous aurions pu traiter ensemble des poussières célestes que le ciel fait tomber sur nous pour nous donner l'amour et la passion de l'Univers. J'aurais pu te raconter durant des heures comment ce Mercredi après-midi, alors que je pensais suivre un simple cours avec mes collègues de travail, j'ai rencontré celle qui est venue du ciel se loger dans mon cœur. Celle qui, envoyée par la muse que nous chérissons tant, se nomme Astronomie. 

    Oui, c'est comme ça que j'ai fait la plus belle des rencontres. Mais hélas il est temps de me retirer, et je sais qu'il sera difficile de patienter jusqu'au prochain rendez-vous. La science de l'observation du ciel est école de patience, certes, mais comment lutter contre les fondements de la Nature ? Toujours est-il que je reprends la route... Le Soleil s'abaisse peu à peu, les nuages s'acharnent encore à masquer ce qui m'intéresse et ce n'est pas ce soir que je pourrai sortir observer le ciel. Mais qu'importe, Astronomie est une déesse qui se fait constamment désirer et je sais que je la reverrai. Que tous les curieux du ciel nous en soient témoins : ma cause lui est entièrement vouée et j'aurai maintes occasions de lui redire. A-t-elle seulement conscience de son impact sur mon esprit ? Sans aucun doute ! Que la déesse de mes nuits le sache, je l'aime à tout jamais. 

  • Soirée estivale sous le ciel de Haute-Vienne

    Première partie.

     

    Jour après jour, de l'aube jusqu'au crépuscule. 

    Au fil des heures il naît, pousse, mûrit et se développe. C'est un pur prodige, un véritable miracle que seule la Nature est capable de créer. On pourrait presque en oublier son caractère mathématique et élémentaire. Lentement il grandit, s'épaissit, lentement il s'enveloppe de chair et de sucre. Et du matin au soir c'est le Soleil qui, sans répit, prend bien soin de lui, jusqu'au moment fatidique. Cet instant décisif où ce produit, à la fois unique et si sophistiqué, passe entre nos doigts pour ainsi être... cueilli. 

    La vigne de Verneuil (image l'Astronome Eclipse)

     

    Vue du site (image l'Astronome Eclipse)

     

    Oui, ce soir là je suis en haut de cette colline où l'on trouve ces fameuses vignes, à Verneuil sur Vienne. Je suis là, au bord du champ, et j'observe les premières grappes de la saison. Et pendant que le seigneur du jour s'abaisse sur l'horizon, je contemple cette vaste étendue où le raisin doit foisonner d'ici quelques semaines à peine... ah, ce simple raisin... un maigre rayon de lumière passe encore au travers des feuilles, donnant au fruit un charme tout particulier. Ce beau raisin paraît si vivant, si fort en son cœur ! Comment un tel fruit peut-il me donner cette impression ? Pourquoi donc m'arrêtai-je sur cette chose si anodine ? Dame nature cherche peut-être à livrer ce raisin sous mes yeux afin de me rappeler qu'au fond d'elle-même, la vie n'est qu'une succession de singularités qui, si l'on y prête attention, demeurent pour le moins extraordinaires. On dit que l'existence n'a pas de sens, mais qu'en est-il alors de l'Univers ? Car l'Univers est rempli de vie. Non-pas qu'il contienne une multitude de civilisations (chose dont laquelle je suis convaincu, mais il ne s'agit pas de cela ici), mais plutôt qu'il incarne en fait tout une succession de singularités...

    C'est donc cela le cosmos...

     

    Tandis que ma fascination pour le raisin s'achève enfin, le Soleil ne se distingue déjà plus. Nous sommes le Mercredi 30 Juillet 2014. Ce soir le ciel brille de mille feux. Les étoiles ne scintillent pas, l'atmosphère semble stable et cristalline... quelle pureté ! Au fil des heures la Voie Lactée apparaît, et voilà que les constellations se confondent avec les grandes étendues stellaires de notre galaxie. Quel spectacle grandiose ! J'ose à peine imaginer que devant nous se dressent probablement des millions de mondes ! Qui sait... peut-être qu'autour de toutes ces étoiles gravitent des planètes abritant des écosystèmes plus inimaginables les uns que les autres ! Et comme je me plais souvent à le dire, un exo-astronome nous observe peut-être à l'heure actuelle, depuis « là-haut », se demandant ce que nous pouvons bien faire sur notre belle planète bleue ! Face à toutes ces étoiles, face à tous ces systèmes extra-solaires que nous ne voyons même-pas, face à ces mondes inexplorés et inconnus... je reste ébahi. Tant de beauté, tant de mystère...

     

    Désormais, il n'y a que les étoiles pour nous éclairer. La Lune nous a quittés depuis un certain temps. Littéralement, nous sommes dans le noir ! A l'horizon, la faible lumière des villages lointains nous permet de deviner la silhouette formée par les rares reliefs des alentours. Notre point d'observation, situé en hauteur, nous donne l'impression de surplomber une immense vallée. En réalité, c'est surtout le lit de la Vienne que nous dominons, sans vraiment nous en rendre compte ! La rivière semble si éloignée que nous n'entendons pas le clapotis de l'eau ! A vrai dire, nous percevons plutôt le chant des grillons, et cette discrète mélodie paraît rassurante : la vie grouille autour des vignes, signe d'une faune bien présente, avec laquelle l'Homme cohabite en fait depuis toujours. Au milieu des tous ces êtres se trouvent nos instruments ; là, voici qu'une poignée d'aventuriers célestes se lancent à la conquête du cosmos ! Télescopes d'un côté, lunettes de l'autre, chacun d'entre nous s'est équipé comme il convient pour explorer les moindres recoins de l'univers. Dans un premier temps, je m'oriente vers le système solaire ; en début de soirée, j'avais déjà scruté la Lune mais celle-ci, bien trop basse sur l'horizon, ne présentait aucun intérêt ni aucun attrait digne de ce nom. Aussi Saturne allait-elle faire mieux, et ce fut d'ailleurs sympathique de la retrouver sous un aussi beau ciel. Mais ce soir-là, le système solaire accessible est limité, et rapidement nous quittons ce dernier pour aller observer des cibles plus lointaines... Mais bigre, le choix ne manque pas ! Quoi observer ? Que choisir ? Et dans l'immensité de la galaxie, comment ne pas s'égarer au détour d'un cheminement d'étoile à la suite d'une découverte fortuite ? Car au sein de la Voie Lactée comme ailleurs dans le ciel, les amas stellaires ne manquent pas. Les petites nébuleuses se comptent par dizaines... Le Sagittaire à lui-seul demeure si riche en objets célestes qu'il me faut un certain temps pour l'admirer dans sa totalité : La Trifide, la Lagune, la nébuleuse Oméga, et tous les autres objets du catalogue Messier... cette constellation regorge de trésors absolument splendides ! Certes, nous avons ici affaire à de grands classiques, mais je dois avouer que je ne m'en lasse pas. La quantité de lumière et le pouvoir de résolution qu'offre mon télescope – avec ses 102 modestes mais précieux millimètres de diamètre ! – s'avèrent suffisants pour résoudre les principaux objets. Si je me souviens bien, je n'ai pratiquement pas changé d'oculaire lors de mes observations du ciel profond. Le Vixen NLV 25 mm et le Meade Super-Plössl 32 mm série 4000 sont restés fort honnêtes et ont bien rempli leur rôle. Avec de faibles grossissements, j'ai pu contempler les étendues des amas et des nébuleuses dans leur intégralité. Bien que sa spécialité se situe généralement dans le domaine de l'observation planétaire, force est de constater que le Maksutov n'est pas inapte à l'observation de cibles faiblement lumineuses...

     

    Après le Sagittaire, c'est au tour des autres constellations d'être admirées : le Cygne, la Lyre, l'Aigle, Andromède, Pégase, mais aussi celles dont j'ai finalement oublié le nom : car il faut le dire, l'appellation des constellations importe bien peu (pour une fois) par rapport à ce qu'on voit entre les étoiles !

     

    En plus des astronomes, un petit groupe de randonneurs s'est joint à nous dès le début de la nuit. A ce propos, quelle tête n'ont-ils pas fait lorsqu'ils ont vu les instruments ! A Verneuil, les télescopes ne sont tout de même pas courants ! Mais ce soir la Société d'Astronomie Populaire de Limoges est là, et ensemble nous passons un agréable moment. A partir de maintenant, nos randonneurs peuvent se familiariser avec la science du ciel, et c'est pour eux une belle activité pour finir une journée à caractère initialement sportif !

     

    Ô chère Uranie, en ouvrant les portes du cosmos aux astronomes, pensais-tu que certains hommes dussent parcourir de longs chemins pour ensuite accéder – sans le savoir – aux merveilles de l'univers ? Car c'est là ce qu'ont vécu nos « invités de dernière minute », et peut-être ont-ils succombé au charme de l'astronomie ! D'une étoile à une autre, de planète en planète, au cœur des nébuleuses les plus obscures, les observateurs de ce soir se plongent dans la plus belle chose au monde, dans le grand mystère de l'astronomie, cette science, cette passion, cette raison de vivre... comme un rêve sans limites, là où seule l'imagination permet de poser une frontière à l'idée que nous avons de l'infini, comme l'esprit d'un penseur qui s'enfonce toujours plus dans des idées foisonnantes et fécondes, prêt à s'attaquer à des énigmes insolubles, à l'image de tout être vivant avide de découverte et de savoir, ne craignant ni les lois de la physique ni l’œil d'un quelconque dieu, et tout cela pour le simple plaisir de dépasser le seul constat que fait l'astronome derrière son oculaire ! Oui, c'est bien cela ; l'observateur, frustré par sa condition de terrien, ne peut s'envoler pour explorer les mondes auxquels son télescope n'a pas accès. Il voudrait évidemment s'extraire de la gravité, pourquoi pas à bord d'un vaisseau, afin d'arpenter les galaxies... qu'importe si le danger le guette, le chemin à parcourir pour faire la lumière sur les secrets de l'univers reste si colossal qu'il est prêt à n'en faire qu'une partie, du moment qu'il transcende les modèles obsolètes de la science !

    Voie Lactée (image l'Astronome Eclipse)

     

    S'il fallait tout découvrir d'un seul coup, tout savoir et tout connaître, et si nous devions dévoiler au monde ce que la plupart ignorent, serions-nous véritablement des astronomes ? Non, car même si nous repoussons encore et toujours nos limites, nous restons des aventuriers, des explorateurs de l'infiniment grand. Il nous faut prendre garde aux tours que nous joue notre muse favorite ! Ah, divine Uranie, nous aurions pu basculer dans une folie dévastatrice, au point d'oublier sur quelle planète se posent nos pieds ! Cette gloire que nous attribuons à ton nom, ce prestige que certains d'entre nous accordent à la plus ancienne des sciences, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un divertissement pour l'existence. Que Pascal s'en réjouisse, nos sens nous trompent mais nous en avons conscience... 

     

    Pour les personnes présentes sur le site d'observation, point de piège, point d'entourloupe. L'astronomie est une science, et toutes les questions n'ont pas encore leur réponse, pour le moment. Cela n'enlève rien à la magie qui s'opère dans les yeux de quiconque s'intéresse ne serait-ce qu'un instant à ce que montre un télescope. J'espère que parmi nos amis randonneurs, certains curieux auront plus tard envie de se lancer dans l'aventure de l'étude du ciel, par passion ou par métier...  

     

    A suivre... 

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  • Promenade au clair de Lune

    6h50. 

    La nuit va bientôt prendre fin. Il ne fait pas tout-à-fait jour, le Soleil dort toujours... Le monde se lève, c'est le matin.

    Les lumières de la ville s'éteignent peu à peu. Les rues sont calmes et désertes. Derrière les fenêtres des immeubles, la vie somnole: les uns se réveillent, d'autres surveillent, et certains encore font les morts.

    Pendant ce temps, et tandis que j'avance, seul, perdu dans mes rêves, les étoiles travaillent: elles luttent contre l'aube, contre cette aurore qui s'impose désormais. Je n'y prête pas attention malgré l'arrivée d'Orion au dessus des réverbères. Pourtant, quelque chose m'attire, m'interpelle.

    Un murmure, un appel au loin. Un éclat capté par mon oeil.
    Oui, elle m'intrigue, je ne peux pas m'empêcher de poser mon regard sur elle.
    Il est 7h00 et je longe la Porte d'Italie... A ma droite les canons de Napoléon attendent le signal. J'ai la tête ailleurs, ils ne tireront pas aujourd'hui. Mais ce n'est pas cette Porte qui m'attire ainsi. Ce qui brille se trouve plus loin.

    Voilà déjà la place du marché. Les restaurants ouvrent à peine. Une formidable odeur de croissants chauds me chatouille les narines. Le fleuriste déballe ses fleurs à côté du bouquiniste et du bijoutier. Avec le ciel bleu marine cela donne une ambiance assez inattendue: cette ville revêt mille allures au fil des heures. Quel charme... et cette chose qui continue de briller...

    7h10. 

    L'ultime boulevard. Les voitures me paraissent bien plus nombreuses que tout-à-l'heure, mais au moment où la ville dévoile ses activités diurnes je m'échappe. Devant moi se dresse le port. Toujours ce murmure qui ne cesse de m'appeler. Je m'engage sur le quai numéro trois et valide mon ticket.

    Un ticket pour la mer. Une entrée pour s'évader. S'extraire du temps, du continent, avant d'aller travailler. L'immensité bleue, les bateaux, les mouettes (pour une fois discrètes!), tout est parfait. Qu'importe la destination, je pars à l'aventure comme chaque jour. Qui sait ce qui peut se produire... Les rencontres hasardeuses deviennent parfois de belles aventures.

    Alors mon bateau s'élance et quitte le port...
    Ah! Méditerranée, je glisse entre tes vagues, au milieu de l'onde et des voiliers! N'es-tu pas la plus belle? La plus douce? La plus énigmatique aussi?
    A travers le hublot, je distingue l'éclat de lumière qui m'intriguait tant. Son appel se fait toujours entendre, les étoiles m'en sont témoins. Jupiter qui brillait fort bien a disparu... La voûte céleste s'est éclaircie et je reconnais alors ce qui faisait l'objet de mon attention... 

    Quartier lunaire (7 Juin 2014)

    C'est bien toi, dame Lune! Toi donc, lorsque je me suis levé, qui m'as appelé!
    Toi qui d'une rue à l'autre tentais de m'envoûter avec ta douce mélodie! Et par ta beauté! Ah, jolie Lune! Tu essayais de t'approcher de moi! Et dans les méandres de mon esprit, dans les abysses de mon être encore endormi, je ne te reconnaissais pas... Toi charmante Lune, celle qui par coutume se nomme la reine de la Nuit, tu étais là. Perdue dans le cosmos, abandonnée par tes admirateurs tu perdais tout repère... Tes cris de détresse, personne n'en a fait de cas. Quel triste moment! Mais désormais ta solitude s'achève. Me voilà.

    Le Soleil se dresse enfin sur la rade. L'architecture de la ville se dessine nettement. La brume subsiste par endroits et le Mont Faron se cache encore dans les nuages. Plus rien ne nous atteint. Les étoiles s'endorment, la nuit s'efface... 
    Repose-toi Belle Lune. Rendez-vous demain matin. 

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  • Pensées d'un soir...

    Toi dame Lune, en ce 7 Février te voici, éclatante dans la noirceur impénétrable du ciel! Constellée de cratères, de failles et de poussières, tu jaillis par devant les étoiles, le froid et l'espace ne t'effraient même pas. Qui donc oserait douter de ton éternelle beauté?

    Ô jeune Lune, tu n'es là qu'en quartier, mais tu es si belle ce soir! Laisse-moi t'approcher, laisse-moi t'observer et te contempler! Ce soir, je m'incline devant ton charme et ta puissance... astre sélène régnant sur la voûte céleste, ta silhouette m’enivre et m'emporte au delà des limites du cosmos. Mon coeur s'emballe, derrière le télescope je frémis... jamais je ne me détournerai de toi, pour toujours je t'aimerai.

    A tous ceux qui t'aiment jolie Lune, je dédie cet humble portrait. 

    Quartier lunaire (7 Février 2014)


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  • Billet d'humeur: qui sème le vent récolte la tempête!

    "Faites c'que j'dis, mais pas c'que j'fais", pensait monsieur Brunier. Et bien voilà, la roue tourne! On ne peut pas rabaisser les gens indéfiniment sans rien se prendre sur la tronche. L'astronomie est ouverte à tous, et les astroufs snobinards n'ont que ce qu'ils méritaient. "Qui sème le vent récolte la tempête", dit-on. C'est bien vrai. Mon pauvre Serge, si seulement tu nous avais écoutés! Celle-là, tu ne l'auras pas volée... mais souviens-toi, à l'époque, je te l'avais dit...

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  • Le Cantal, terre d'enchantement...

    Parfois, lors d'un voyage, il nous arrive de découvrir de fabuleuses régions, des lieux regorgeant de trésors, d'une beauté exceptionnelle. De tels endroits existent partout dans le monde, et la France n'en est pas exclue.

    Oui, c'est en France que j'ai, encore une fois, trouvé un coin de paradis. Il n'y a pas besoin de chercher bien loin... je pense naturellement au Cantal!

    Ah, le Cantal... ce pays auvergnat où chaque vallée renferme de véritables merveilles! Des châteaux, des forêts, mais aussi des montagnes et des rochers finement sculptés par les volcans! On y rencontre des chemins menant vers des contrées vertes et radieuses, pleines de vie, où les animaux côtoient l'Homme sans la moindre crainte, là où tout n'est qu'harmonie, au sein d'une campagne luxuriante! Il n'y a pas plus magnifique que cette province cantalienne... Plus fascinant encore: là-bas, le ciel n'est pas une simple étendue noire avec des étoiles. Non, c'est bien mieux que cela. La nature nous offre là une voûte céleste hors du commun, constellée à souhait, au milieu de laquelle la Voie Lactée se dévoile élégamment, comme un nuage cosmique qui s'étire à volonté du Nord jusqu'au Sud. Il n'y a pas de place pour les lumières parasites; Aurillac, ville lumineuse mais discrète, s'incline d'elle-même et retient ses rayons dès lors que l'astronome s'élève sur les crêtes et les monts du Cantal.

    Les nuits se suivent, mais on ne sait jamais ce qui peut nous attendre sous le cosmos. Et bien, figurez-vous qu'à la veille de la première Nuit des étoiles 2012, je n'imaginais pas à quel point la soirée du 10 Août allait être l'une des plus belles que j'ai connu jusqu'alors! A l'occasion de mon séjour cantalien, j'avais songé à organiser une rencontre d'Astronomie avec les observateurs de la région. Avec une poignée d'astronomes, nous avons donc préparé une soirée d'observation qui devait se dérouler durant les Nuits des étoiles. Finalement, la date du 10 Août semblait parfaite. Mais qu'est-ce que la perfection d'une simple date en comparaison avec le spectacle céleste de ce soir-là!

    Avec les habitués du Cantal, nous avions choisi de nous installer vers les hauteurs de la commune de Polminhac, sur le plateau de Fraysse del Miet. Là-haut, la vue était saisissante: on pouvait contempler les crêtes lointaines qui longeaient notre plateau, les villes les plus éloignées paraissaient minuscules alors que nous apercevions Rodez, et le panorama s'ouvrait à 360 degrés! A mon arrivée vers 20h30, et à ma grande surprise, il n'y avait pas de vent. A plus de 1000 mètres d'altitude, même l'humidité ne subsistait pas... les conditions demeuraient favorables, comme si la nature tenait à nous laisser nous aventurer dans le ciel sans le moindre désagrément. Après tout, nous devions accueillir le grand public, et il aurait été dommage d'observer sous un climat désagréable! Ainsi donc, les terres cantaliennes donnaient le meilleur d'elles: nous disposions d'un cadre paisible et serein sous des cieux cléments. Car il faut l'avouer: pas un seul nuage ne s'est montré!

    Coucher de soleil cantalien (photo L'Astronome Eclipse)

    Le temps, lui, continuait sa course; bientôt, le Soleil se couchait, nous souhaitant une bonne soirée avant de s'enfoncer dans les prés fleuris et fertiles. De sont côté, la Lune dormait encore. Gare à celui qui aurait osé la réveiller! Mais heureusement pour nous, le «radio-réveil lunaire» ne devait pas sonner avant 3 heures du matin...

    Autour de nous, la vie s'éteignait. Tout paraissait inerte, figé, telle une gigantesque machine terrestre mise en arrêt après une longue journée d'activité. Sur la route, les derniers tracteurs roulaient à piètre allure; leurs vieux moteurs, épuisés, tremblaient encore et encore! Quelle triste figure faisaient-ils en passant devant nos beaux télescopes étincelants! Nous, les rois de la nuits, n'étions pas peu fiers de pouvoir arpenter l'Univers avec nos instruments, certains munis de lentilles, d'autres constitués de miroirs... petites lunettes compactes, télescopes de type Newton et Dobson, paires de jumelles, nous avions de quoi nous amuser! D'ailleurs, le public, s'élevant à une cinquantaine de personnes dont la venue s'est répartie sur l'ensemble la soirée, a eu la joie d'admirer les objets célestes les plus proches comme les plus éloignés: Saturne, Mars, Neptune, Uranus, mais aussi Andromède, l'amas d'Hercule, l'amas de Persée, et j'en passe! A l'Ouest, un fin triangle se dessinait au dessus de l'horizon: il se composait des planètes Mars et Saturne (respectivement en bas à droite et en haut du triangle), avec la brillante étoile Spica en bas à gauche.

    Ah, Spica! Tu es tellement fière, avec ton éclat blanc! Dans notre ciel estival, tu ressembles à un phare qui s'effondre sur la ligne du monde, engloutissant avec toi les rayons lumineux que tu as pourtant émis il y a longtemps. Jamais ne cesseras-tu de nous captiver? Mais en ce grand mois d'Août, tu emportes tes amies planétaires au fin-fond du crépuscule, le temps d'une nuitée bien méritée...

    Au fur et à mesure que le ciel s'assombrissait, la Voie Lactée se montrait timidement. Quelle stupéfaction! Notre bien-aimée semblait si détaillée, si précieuse! Ses contours, comparables à un voile de fumée, se distinguaient de mieux en mieux au fil des heures... Chère Voie Lactée, d'une teinte grisâtre, tu nous apparaissais parfois bleutée, ou même jaunâtre. Rêvais-je à chaque fois que je te contemplais? Certainement pas! Ton charme, d'ordinaire masqué par la puissante force des réverbères, se révélait ce soir à moi alors qu'il n'avait jamais vraiment disparu... Tantôt transparente, tantôt opaque, cette traînée laiteuse laissait voir quelques nébuleuses à l’œil nu. Les amas stellaires étaient également de la fête! A ce propos, tous les objets célestes du Sagittaire se voyaient aisément, sans l'aide d'instruments d'observation. A notre époque, c'est presque un miracle!

    La galaxie d'Andromède, -une voisine, me direz-vous!-, se voyait facilement elle aussi, à tel point que la viser devenait un jeu d'enfant; A l'oculaire, on reconnaissait nettement sa forme ovale, et sa texture toujours nuageuse et cotonneuse prenait un aspect nébuleux, comme si les étoiles y avaient expulsé tout leur gaz dans l'unique but de nous empêcher de les voir! Mais détrompez-vous: M31 n'en était pas moins belle.

    Les astronomes et leurs instruments (photo L'Astronome Eclipse)

    Au cours de la soirée, de belles Perséïdes se sont invitées. Lumineuses, furtives, enflammées au point de disparaître avant même d'avoir le temps de siffler, ces étoiles incandescentes filaient à toute vitesse à travers l'espace! Tantôt rouges, tantôt bleutées, leur spectacle plaisait aux astronomes de passage. Elles surprennent tellement, et vont si vite! Ces Perséïdes sont décidément incroyables... on aurait d'ailleurs pu penser qu'elles provenaient de partout à la fois. Combien étaient-elles à embellir le ciel d'une heure à l'autre? 20? 30? 50? Des dizaines et des dizaines de perles flamboyantes que l'on ne comptait presque plus!

    Comme des aventuriers, certains d'entre nous sont partis à la recherche de galaxies lointaines, très lointaines... il ne leur a pas fallu bien longtemps pour déceler quelques trésors: c'est dans un Dobson de 400mm que le célèbre Quintet de Stephan s'est révélé. Un groupe galactique discret, fondu dans la masse de l'Univers noirâtre, se dessinait finement au delà des astres, comme un ensemble de cellules encore blotties au sein d'un gigantesque corps cosmique, tout juste nées d'une mitose astronomique... Il y avait quatre ou cinq bulbes grisâtres, nébuleux et allongés, avec en leur centre respectif un cœur blanc intense dont les contours fusionnaient avec l'étendue brumeuse qui les entourait. Ces cinq galaxies paraissait vivantes et en mouvement, et faisaient penser à un éclatement que le temps aurait ralenti depuis plusieurs millénaires... mais vers où partent-elles? Veulent-elles vraiment s'éloigner? Et par dessus tout, quelles merveilles renferment-elles? Que cachent-elles en leur structure? Contiennent-elles des systèmes solaires comparables au nôtre? Ce sont probablement les réponses à toutes ces questions qui, si on les trouve, nous dévoileront un jour les secrets les plus enfouis et les mieux gardés de l'Univers...

    Autour de notre site d'observation, les arbres et buissons s'écrasaient pour ne devenir que des masses sombres dont les formes se confondaient avec le sol... la nuit se poursuivait, et les constellations dansaient sans un seul faux pas. Rapidement, le ciel d'été laissait place au ciel d'automne... Oh, voici que vers 3 heures du matin, les Pléiades sortaient de leur cachette! Et par surprise, Vénus et Jupiter se levaient également! Hélas, l'horizon étant proche de ces objets, il était difficile d'obtenir des détails... Dans ma petite lunette, je suis quand-même parvenu à distinguer les bandes joviennes, ainsi que les grands satellites de la planète gazeuse.

    Tôt ou tard, cette nuit d'observation allait s'achever. Une demi-heure après le lever des Pléiades, nous nous sommes peu à peu salués, et nous sommes finalement repartis sur la route. La nuit ne semblait pas terminée, et nos esprits encore orientés vers les étoiles ne voulaient pas se résigner à aller se coucher! Mais comment résister, avec tant d'heures d'observation et tant de belles images en tête! Une chose est certaine: cette soirée d'astronomie cantalienne se terminait avec succès. Certains astronomes, venus aussi bien d'Aurillac, de Maurs-la-Jolie, ou encore de Clermont-Ferrand ou d'un autre département comme la Corrèze, n'ont absolument pas regretté leur visite. D'autres, ravis d'avoir pu découvrir et tester du matériel d'observation, ont eu la joie de pratiquer l'étude du ciel sous un autre aspect que d'ordinaire... et par dessus-tout, ce sont d'agréables rencontres qui ont eu lieu.

    Je crois qu'il est impossible d'ignorer la beauté du Cantal. Succomber à son charme et à la pureté de son ciel est un réel plaisir, et celui qui tenterait de ne pas tomber amoureux d'un tel pays n'est pas humain! Splendeur verte et fraîche le jour, spectacle étincelant dans une voûte d'un noir pur la nuit, le Cantal est un beau pays. 

    Paysage cantalien (photo L'Astronome Eclipse)

    Il n'y a que contemplation, et un ciel à couper le souffle... 




    Je tiens à remercier tous ceux qui sont venus me rejoindre lors de cette soirée et avec qui j'ai passé un très bon moment. Il y a d'abord Elarwen, Nadav, Steven, mais aussi Domi et son épouse, avec le club Equinoxe, sans oublier Roger15 et son épouse avec qui j'ai pu échanger sur de nombreux sujets et partager la passion de l'astronomie. D'ailleurs, Roger, si tu me lis, merci beaucoup pour les deux rencontres que nous avons organisé; je suis très heureux d'avoir pu faire connaissance! Merci également à Tata Zize et JMDSomme pour les échanges téléphoniques.

    Avec le concours de tous, nous avons pu faire cette soirée d'astronomie. Le succès qui s'impose me donne l'envie de refaire une telle soirée lors d'un prochain séjour cantalien...

    A suivre!



    Ce récit a été élu Meilleur CROA de l'année 2012 par la communauté astronomique Webastro.

    Coupe prestige et luxe concours Top CROA 2012


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  • Le transit de Vénus: une perle matinale...

    Telle une déesse sortant de la nuit, voici Vénus s'échappant des ténèbres, sauvée par le dieu solaire, en route vers des cieux plus cléments... mais comme si la belle ne voulait pas se faire surprendre en flirtant avec le dieu tout puissant, elle s'échappe peu à peu de ses bras enflammés, prête à s'envoler vers un monde stellaire bien plus discret. A la manière d'un coup de vent balayant le cosmos, la planète si délicate se voit chamboulée au point de disparaître en début de matinée...

    C'est ainsi qu'en ce matin du Mercredi 6 Juin 2012, dès 6h00 heure locale, la planète Vénus sortait, accompagnée par le Soleil. Bien plus rapide que l'astre orangé, elle filait à grande vitesse... Avant de la voir s'éclipser dans le fond cosmique, nous avons pu contempler une silhouette ronde et noire escortée par une bonne dizaine de petites taches solaires. Mais avant d'assister à un tel spectacle, il nous a fallu affronter bien des choses...

    Il faut dire qu'observer ce transit ne fut pas de tout repos. Nous autres, astronomes français, devions nous lever tôt pour espérer voir le couple stellaire. 6H00, c'était l'heure du lever du Soleil... et moins d'une heure plus tard, c'était la disparition de Vénus. Partout dans le pays, les groupes d'observateurs s'étaient formés, prêts à scruter le phénomène dans les moindres détails; astronomes, curieux, tous étaient armés de jumelles, lunettes, télescopes, filtres et autres dispositifs de combat solaire. Chacun d'entre nous attendait patiemment, le regard tourné vers l'Est, en quête du premier rayon qui pouvait trahir la cachette de la Lumière Stellaire, comme s'il ne fallait pas la laisser s'échapper dans le ciel. De l'autre côté, la Lune à peine grisâtre brillait de toute sa splendeur: c'était elle le phare de l'aube, et cela lui plaisait bien d'éclairer le paysage avant que quelqu'autre étoile vienne lui faire de l'ombre. Et que dire de Jupiter qui, dans ce ciel bleu marine tout juste ébranlé par les timides lueurs zodiacales, tentait en vain de sortir de l'embuscade tendue par les constellations du Taureau et du Bélier! De toute évidence, ce transit allait être le symbole d'une lutte sans précédent, opposant à la fois la fatigue des astronomes contre leur passion, et le beau ciel nocturne contre le tout puissant Soleil. Ah, tous sur le pied de guerre! Le temps avançait, les instruments étaient installés, et le moment fatidique approchait!

    Pendant que la nation astronomique se préparait, j'étais moi aussi en route pour le bord de mer. Sur la route, avec un ami, nous voyions les villes qui s'éteignaient peu à peu. Le chemin semblait désert. Qui donc pouvait bien sortir à une heure pareille si ce n'est nous, d'autant plus pour aller regarder une étrangeté interplanétaire?

    5h00 venait de sonner; le matériel dormait encore à l'arrière du véhicule. C'est ensuite une trentaine de minutes avant le lever du Soleil que nous avons atteint le point d'observation qui avait été repéré il y a une semaine... certains membres des clubs Antarès et Cassiopée attendaient déjà sur les lieux. Au moment où nous allions nous garer, quelle surprise venions-nous de voir! D'autres astronomes étaient présents, eux aussi, avec des télescopes! Par la suite, et après avoir un peu discuté, nous avons appris que nos collègues provenaient de l'Observatoire du Pic des Fées...

    C'est donc un ensemble d'une quinzaine d'observateurs qui se postaient là, dans l'espoir de voir le transit.

    En lui-même, le cadre d'observation était paisible: nous étions sur une plage près de la Capte, non-loin de Hyères. Tournant le dos au célèbre tombolo de la côte d'Azur, on pouvait voir une mer très calme, presque d'huile. Sur la droite, vers le Sud-Ouest, la côte semblait vouloir attraper les îles d'Or; car oui, Porquerolles et Port Cros culminaient en face de nous, au loin! Leurs basses collines frôlaient une brume assez épaisse qui, par la suite, allaient probablement masquer le Soleil... A notre gauche, vers l'Est, le port de Hyères et les plages de l'Ayguade paraissaient figées, prises dans un courant d'air pétrifiant, comme si le temps les avait solidifiées par un mystérieux pouvoir au cours de la nuit. Enfin, vers l'endroit précis où l'astre devait apparaître, on pouvait distinguer les contours de quelques collines très basses: derrière elles se trouvait sans aucun doute le fort de Bregançon, ou encore des criques sauvages et inaccessibles...

    Hormis notre groupe d'astronomes, il n'y avait personne. Les boutiques touristiques étaient closes, les voitures demeuraient très rares sur la petite route du littoral. Même les bateaux restés au large ne montraient aucun signe d'activité, et les mouettes somnolaient encore dans leurs nids, en retrait et à l'abri de tout éventuel dérangement nocturne.

    Hélas, ce monde idyllique n'avait pas uniquement un beau décor et un climat de rêve: certes, la température, s'élevant à environ quinze degrés Celsius, n'était pas contraignante, mais l'humidité se faisait sentir. Pire, la brume qui montait vers le ciel ne se dissipait pas, et quelques instants avant l'apparition du Soleil, nous n'avions que cinq degrés de ciel dégagé! Un tel élément, aussi imprévu fut-il, pouvait changer d'un moment à l'autre, mais cela n'en prenait malheureusement pas le chemin... et nous, pendant que l'envie de balayer cette brume grandissait, nous devions également affronter une invasion de moustiques! En effet, à proximité d'un lieu aussi humide que la mer, comment échapper à ces insectes?! Tôt ou tard, nous devions les rencontrer. Autant dire que ces êtres minuscules mais ô combien embarrassants n'ont pas attendu pour nous rendre visite. Mais l'un de nous avait une arme absolue, à savoir une bombe anti-moustiques. Je ne vous cacherai pas que ce fut d'une aide précieuse pour passer le reste de la matinée en paix. Ceci dit, le Soleil allait sortir d'un instant à l'autre, et les insectes ont rapidement été oubliés!

    Peu après six heures, les rayons du soleil commençaient à s'introduire entre la brume et la mer... nous étions tous très excités: chacun espérait être le premier à apercevoir le nord de cette boule flamboyante et rayonnante au dessus de la surface usée des lointaines collines. Les secondes devenaient insupportables! Chaque instrument pointait déjà la cible avant même qu'elle ne soit visible. La tension montait toujours plus... et puis, d'un coup...

    «Je le vois! Je le vois! Le Soleil est sorti!» Un astronome venait à peine de repérer l'infime partie de l'astre émergeant de l'horizon. Et rapidement, tout le monde s'est mis à observer. La joie était déjà au rendez-vous, et elle s'est tout de suite intensifiée lorsque le magnifique rayon vert est apparu dans nos oculaires. Quel instant bref! Comme une aurore qui se serait aplatie, écrasée par l'attraction, voici qu'un ruban vert pomme lumineux, vif et brillant, venait de s'étaler sur tout le pôle nord du Soleil pour ensuite se recroqueviller sur lui-même et disparaître en l'espace d'une courte seconde. La déformation de l'image due à l'atmosphère et à ses turbulences donnait à ce rayon la forme d'un arc dont les extrémités tendaient à s'arrondir pour créer un demi cercle serré de chaque côté. Et comme toute bonne surprise, cela n'a fait que nous rendre plus heureux que jamais; ceci en sachant que le meilleur et le plus important était à venir...

    L'apparition de Vénus était imminente. Là aussi, nous n'avons pas tardé à entendre un astram dire «Ça y est, la voilà!»... et c'est ainsi que l'un des plus beaux cadeaux du système solaire nous a été offert à ce moment précis: pour la dernière fois de notre existence, pour l'ultime occasion d'en voir un durant le 21ième siècle, le transit de Vénus s'est dégagé de la surface terrestre. La sœur jumelle de la Terre passait devant le Soleil, lentement, comme si elle voulait éclipser notre étoile. Voir cette petite bille devant ce gros mastodonte orange, c'était si magique et tellement grandiose!

    Nous étions en train de vivre le transit de Vénus! C'est ce 6 Juin 2012 entre 6h et 6h50 que nous assistions à cet événement exceptionnel et désormais unique.

    Transit de Vénus (photo L'Astronome Eclipse)

    Tout le monde scrutait le phénomène dans les lunettes et les télescopes. En l'espace d'une ou deux minutes, un ami et moi avons immortalisé le transit à l'aide de nos appareils photo. Bien évidemment, nous en avons aussi profité pour observer à l'oculaire: sur mon Mizar 114/900, un oculaire Meade 32mm série 4000 nous offrait un faible grossissement; nous avons donc vu le soleil dans sa totalité, avec trois ou quatre taches entourées d'autres points tout autant noirâtres mais bien plus discrets. Vénus se démarquait nettement, formant un rond sombre bien défini qui semblait fixe. Ensuite, un oculaire Mizar 20mm m'a permis de «m'approcher» un peu plus: on ne zoomait pas beaucoup, mais on pouvait tout de même distinguer un anneau clair autour de la planète, -qui pouvait correspondre à coup sûr à son atmosphère selon moi-. Quelle joie de voir une planète aussi sombre alors que d'ordinaire, on a plutôt affaire à un objet céleste éclatant! On aurait pu imaginer que cette friponne avait mis un masque ce matin-là! D'ailleurs, il faut dire qu'un scientifique qui en aurait eu le temps aurait pu mesurer précisément le diamètre du disque vénusien. Ceci n'est pas sans rappeler les expéditions qui, par le passé, et sous l'égide des grandes institutions scientifiques telles que les académies ou la Société Astronomique de France, ont permis aux astronomes de valider (ou réfuter!) une multitude de théories et travaux dont les enjeux ne se limitaient pas uniquement aux observations visuelles du système solaire! A ce propos, en me trouvant face au transit ce matin-là, j'admets avoir eu une pensée particulière pour feu mon astronome préféré Camille Flammarion... cet éminent scientifique du XIX ième siècle ayant déjà, à l'époque, compris et étudié l'ensemble des principes mécaniques des occultations et transits...

    La planète Vénus passait à la fois si lentement et si vite! Cette pastille noirâtre semblait glisser à la surface du Soleil, comme s'il s'agissait d'une bille de billard propulsée sur le tapis... mais qui donc pouvait jouer comme tel avec d'aussi grandes boules? Mystère. A moins qu'il ne s'agisse d'électrons excités à l'idée de tournicoter autour d'un noyau désabusé... Et nous, qu'étions-nous devant cette fourmilière cosmique? Nous admirions toute l'énergie contenue dans ce spectacle incroyable dont les forces et le sens nous échappaient. Mais qu'importe, c'était beau.

    Le temps, lui, n'avait pas une minute à perdre dans cet univers si relatif. Il fallait avancer coûte que coûte, et nous étions contraints de le suivre. La brume maritime demeurait là, bien déterminée à ne pas se retirer. Ainsi donc, la Terre voulait-elle faire de l'ombre au Soleil et à sa compagne? C'est en tout cas ce qui s'est produit, et avec un triste succès: les troisième et dernier contacts n'ont pas pu se montrer à nos instruments. La scène en devenait presque désapointante car progressivement, l'astre solaire disparaissait derrière les épais nuages, emportant la belle Vénus avec lui. Mais l'espoir de voir le ciel se dégager ne s'en réduisait pas moins. L'ambiance, toujours aussi intense, subsistait entre les astronomes encore présents; les plus pessimistes d'entre nous commençaient à replier leur matériel, mais mes amis et moi, nous voulions encore y croire. Aussi avons-nous patienté jusqu'à l'heure officielle de la fin du phénomène. L'excitation due à la vision toute fraîche du phénomène céleste nous avait littéralement rendu fous de joie. Mais hélas, l'attente s'est finalement avérée vaine: la couverture ne s'est pas dissipée, et le transit de Vénus a pris fin sans que nous puissions admirer les dernières minutes de l'évènement. 7H00 sonnait tout juste.

    Plage de la Capte (photo L'Astronome Eclipse)

    C'est à travers tout le département que les appels fusaient: les clubs se contactaient pour s'échanger leurs rapports d'observation. Les astronomes se téléphonaient et racontaient ce qu'ils avaient pu voir selon les conditions météorologiques locales. J'ai ainsi appris que vers le massif de la Sainte Baume, la matinée d'observation avait été un réel succès. Il en était de même dans la Provence verte, non-loin de Rocbaron, où une seconde équipe du club Cassiopée s'était postée sur une colline et avait pu contempler le phénomène sans encombre. C'est en ce lieu précis que d'autres amis astrams ont également immortalisé le transit à l'aide d'appareils photos fixés sur de simples lunettes; Mais pour profiter au mieux du spectacle, plusieurs instruments de qualité avaient été employés... Un peu plus loin sur la côte, vers la Seyne, à l'Ouest de mon poste d'observation, les observateurs n'ont en revanche pas eu l'opportunité et la chance d'assister au transit vénusien. Mais ce n'est que partie remise: à défaut de pouvoir vivre jusqu'en 2117, nos camarades pourront certainement profiter du transit de Mercure, dont la date s'approche toujours plus, et bien plus vite que ce que l'on pourrait imaginer...!

    Malgré les nuages, la plage demeurait très lumineuse. Mes amis et moi-même étions désormais les seuls curieux du ciel encore en place. Après avoir rangé tous les instruments dans les véhicules, chacun de nous est parti. Et tandis que je rentrais chez moi, le monde se réveillait à peine. Les travailleurs s'en allaient pour une nouvelle journée. Les enfants partaient à l'école. Les étudiants reprenaient leurs révisions... et les astronomes, eux, rentraient dans leurs maisons pour se reposer, mais aussi pour éditer leurs photos. Chacun d'entre nous repartait avec des souvenirs plein la tête, des anecdotes, et des images fantastiques. Que dis-je... ce sont les images du siècle! Je ne serai plus de ce monde en 2117, alors oui, ces clichés sont maintenant le témoignage historique d'un événement sans équivalent, et dont la date du 6 Juin 2012 sera inscrite dans les livres.

    Vénus, cette belle planète ayant pris plaisir à offrir un spectacle splendide aux habitants de la Terre, s'est échappée vers l'espace, continuant sa course autour de l'étoile des hommes. Sa silhouette, surprise devant la lumière, a fait le bonheur des observateurs. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et la sœur de la planète bleue n'a pas tardé à s'en aller... c'est maintenant au tour de la timide Mercure de se préparer: dans quelques années à peine, elle jouera la star du système solaire pour un nouveau transit...

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  • Frustration cosmologique.

    Bienvenue sur la planète Terre. Située en plein milieu de la zone dite "habitable" du système solaire, cette petite bille bleue n'est pas qu'un simple caillou éclairé par le Soleil... elle est aussi le foyer de la vie. C'est là que nous avons été élaborés, avec entre autres des acides aminés et de l'eau. Il en va de même pour les animaux, les insectes, les bactéries, bref, tous les êtres vivants. Il s'agit là d'un miracle de l'Univers! Et pourtant, l'Humanité s'inquiète: son existence pose problème; La vie est apparue sur Terre il y a bien longtemps, et nous avons eu le temps de nous développer. Cependant, et comme diraient certains, "la Terre est ronde", ce qui explique pourquoi l'Homme a fini par connaître la limite de son royaume. Depuis, nous nous demandons si nous sommes donc seuls dans l'Univers... Dès lors, je ne rentrerai pas dans l'éternel débat. En revanche, peut-être pourrions-nous nous intéresser à l'une des issues possibles de cette énigme. 

     

    Admettons que la vie existe ailleurs que sur notre planète et, par extension, considérons également que l'Homme est désormais apte à la découvrir (techniquement parlant)... il paraît logique de se demander comment nous réagirions face à un tel évènement. Nombreux sont ceux qui méditent à ce sujet. Pour ma part, je préfèrerais m'interroger sur autre chose: sommes-nous vraiment capables d'accepter "l'existence d'extraterrestres", dont la preuve serait irréfutable? La situation est en réalité à éclaircir... "vouloir" n'est pas "pouvoir"! Ainsi, beaucoup d'entre nous voudraient découvrir une civilisation provenant d'une autre planète, mais cela pourrait bien rester techniquement et psychologiquement inacceptable. En dehors de ses limites technologiques, l'être humain n'est pas encore pourvu d'un esprit apte à assimiler tous les bouleversements qu'il rencontrerait suite à une découverte. A mon sens, nos théories et Sciences sont actuellement trop "humanisées" et trop humanisantes: on a beau essayer d'expliquer l'Univers, le chemin à parcourir à l'avenir demeure colossal. D'ailleurs, les futures révolutions s'avèrent probablement inimaginables. 

     

    Repérer et/ou rencontrer des êtres vivants étrangers à la Terre est comparable à l'aboutissement d'une nouvelle ère. Certes, l'une des plus grandes questions que l'on se pose depuis des siècles trouverait une réponse, mais d'une manière plutôt brutale! On devrait même parler d'un véritable choc: dans notre échelle temporelle, il nous faudrait réfléchir rapidement, interpréter la chose au plus vite. Or, si la vie extraterrestre dépasse la réalité (selon nous), l'Homme se perdrait alors dans sa propre conscience à cause d'une conception de l'Univers trop restreinte. Tout ceci est logique: si les Mathématiques et la pensée sont fausses, nous n'avons plus aucun repère à partir de ce moment-là; sans nos marques, sans nos modèles autrefois approuvés, que ferait-on face à une réalité que nous ne comprendrions pas immédiatement? De plus, quand bien même ladite nouvelle vérité deviendrait en partie compréhensible à court terme, l'être humain se verrait malgré tout obligé de "repartir de zéro"... 

     

    Ce n'est pas tout. Concevoir une nouvelle explication de l'Univers, aussi longue et vaste puisse-t-elle être théoriquement, n'est pas la seule action à effectuer suite à l'apparition de nos "voisins galactiques". Effectivement, cette réflexion forcée serait accompagnée d'un fait tout aussi important: l'Homme et l'Alien devraient cohabiter, et ce même s'il n'y a pas de contact physique ou visuel... Imaginons alors: chacun doit vivre en sachant que son "voisin" n'est pas terrien; il y a deux cultures (l'une issue de la Terre, l'autre provenant de la civilisation extraterrestre) qui se confrontent sans pour autant fusionner comme on le souhaiterait, et personne ne comprend la situation. N'oublions pas non-plus que le contact en question pourrait ne pas être pacifique, ce qui impliquerait en plus (dans le cas où une rencontre concrète aurait lieu) une lutte pour la survie de l'Homme... 

     

    A partir de maintenant, vous pensez certainement que mes mots sont trop négatifs. Peut-être n'avez-vous pas tort, mais à moitié seulement... Certes, j'admets volontiers qu'à première vue, tout ce que j'ai écrit ne paraît pas très réjouissant! Toutefois, en s'appuyant sur l'avancée actuelle des Sciences et de la pensée, sur le quotidien de la population ainsi que sur le fonctionnement de notre société, on se rend finalement compte que ce texte ne s'éloigne pas beaucoup du réalisme. Mais attention: je ne dis absolument pas que la recherche de vie extraterrestre est à bannir de nos programmes scientifiques! Bien au contraire, il est intéressant de vouloir trouver une réponse à cette énigme. Autre détail: les bouleversements que j'évoque n'existeront peut-être jamais, bien qu'une découverte de ce type est obligatoirement source de changement dans nos esprits. 

     

    Comme bon nombre d'astronomes, astrophysiciens, ufologues et philosophes, j'aimerais moi aussi découvrir une vie ailleurs que sur Terre. Je pense néanmoins que nous ne sommes pas prêts humainement... ce qui n'empêche pas d'être patients, car si l'Homme évolue correctement, peut-être sera-t-il un jour capable de supporter l'arrivée des extraterrestres dans les connaissances... si toutefois ils existent...

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